L'athéisme expliqué
Ce que croient ceux qui ne croient pas
Paul Desalman
Entrelacs
ISBN 979-1-09-017446-7
Prix: 17 euros
Paris, Entrelacs,2017
192p.
Ce n'est pas un des moindres paradoxes que de constater que dans un pays comme la France où 60% de la population ne se réclament d'aucune religion, le débat sur celles-ci a envahi, depuis de nombreuses années, les médias et sévit jusque sur les colonnes de certains temples.
La publication de l'ouvrage de Paul Desalmand sur « les croyances de ceux qui ne croient pas » est donc opportune. Précis, clair, sérieux et documenté, l'ouvrage, en trois parties, commence par retracer, d'Epicure et Démocrite aux contemporains Comte-Sponville, Onfray, Ferry,sans oublier le célèbre abbé Meslier, la longue histoire évolutive de ce concept à travers les apports de ces différents philosophes. Par la même occasion, puisque « mal nommer les choses, c'est rajouter au malheur du monde » comme le rappelait Camus, l'auteur en profite pour rappeler la définition de certains concepts importants pour qui veut parler, en connaissance, de ces idées et manier les concepts en utilisant les « bons mots » : « L'esprit est une chose trop importante pour qu'on l'abandonne aux prêtres, aux mollahs ou aux spiritualistes ».
La seconde partie est consacrée à un certain nombre de problèmes et de controverses autour de l'athéisme, dont le problème du mal, celui de la vertu ainsi que de savoir s'il peut exister une spiritualité sans Dieu (« Le spiritualisme athée » de Pierre Lance). Enfin, la troisième partie, aborde les questions liés au rapport entre athéisme et laïcité, sans faire l'impasse sur certains dévoiements de l'athéisme comme la répression de la liberté religieuse dans certains pays, en même temps que la répression de l'athéisme dans d'autres. L'ensemble se conclue par une note optimiste sur « le monde à construire ».
Complété par une bibliographie qui invite le lecteur à approfondir le sujet, dans laquelle j'ai noté « Le traité d'athéologie » de Michel Onfray et ' « Pour en finir avec Dieu » de Richard Dawkins », le livre est plus qu'utile à tous ceux qui n'ont pas besoin de l'hypothèse Dieu pour conduire leur vie de manière vertueuse, lui donner un sens et pour affermir leur propre « croyance », car s'il est vrai que l'on peut se comporter en homme vertueux sans le soutien d'une religion, il n'en est pas moins vrai que l'on ne saurait vivre sans avoir la foi en la perfectibilité de l'homme et des hommes.
L'ouvrage n'est pas un livre militant de « Libre-penseur », il est l'ouvrage d'un penseur libre, qui fait le point, de manière réfléchie et rationnelle sur une idée qui, quoi qu'on en dise, continue sa progression dans le monde, inexorablement, depuis le « siècle des lumières » ; y compris dans des pays où l'on assiste à un « retour du religieux » ; « Retour du religieux » improprement nommé et souvent mal interprété, car il exprime plus les derniers soubresauts d'un monde qui s'écroule que le regain d'un sentiment où « Dieu » se remettrait, « par miracle », à régir le monde. Il est donc utile pour ceux qui fréquentent les loges, en tant qu'athés, sans être « stupides », aussi bien qu'aux « déistes » ou « théistes » qui les fréquentent aussi.
Et c'est ainsi qu'Hiram est grand.... (1)
AJL
(1) Cette paraphrase est tirée de la formule d'Alexandre Vialatte qui, pendant 20 ans, a terminé sa chronique hebdomadaire par la formule : « et c'est ainsi qu'Allah est grand ». Comprenne qui pourra. (Chroniques d'un montagnard. Collections Bouquins. Robert Laffont)
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