MORAND, Josselin. PIERRAT, Emmanuel (préf.). Éthique et athéisme : Construction d’une morale sans dieux. Paris : Numérilivre, 2021. 155 p. ISBN 978-2-36632-1791
Du théisme à l’athéisme, Josselin Morand nous entraîne dans l’exploration des formes de ce « croire », de l’antiquité à nos jours. Avec un remarquable esprit de synthèse, il réussit à présenter dans ce livre un panorama complet du champ cultuel, des trois monothéismes au communautarisme et transhumanisme, de la question de Dieu remis en cause par les génocides du XXe siècle au fanatisme et à l’idolâtrie. Sans omettre les particularismes des religions orientales.
C’est cette riche approche du phénomène de « reliance », qui lui permet d’aborder objectivement la spiritualité, cette vie de l’esprit avec ou sans Dieu. Et de définir son expression en termes maçonniques.
Dans ce contexte où certains groupes pseudo-religieux affichent aujourd’hui une volonté « d’appropriation de l’invisible » par la violence, la franc-maçonnerie « à la française » est plus que jamais une chance avec le triple choix qu’elle propose. A savoir, la laïcité, expression de la liberté de penser, dans le respect des cultes ; la possibilité pour qui la rejoint, d’interpréter symboliquement un Principe créateur ; l’athéisme, lequel se passe de l’hypothèse déiste.
Cette paisible trilogie constitue l’une des spécificités de l’Art royal. C’est l’éthique individuelle qui, par l’exercice des valeurs républicaines, crée la morale collective. Autrement dit, la raison bienveillante positionne le franc-maçon. Ni athée stupide, ni libertin irreligieux, il est au « juste milieu », définition même de la vertu, selon Aristote. Celle-ci conduit vers une vie bonne, dans une société bonne, pour y bien agir.
Ainsi, cette conscience éclairée par l’initiation apprend à mieux vivre, à mieux communiquer et à accepter sa finitude. L’empathie est la condition indispensable de toute éthique, nous dit l’auteur. Une généreuse façon de semer, essaimer et s’aimer.
En quelques mots :
La critique littéraire est toujours un exercice de style particulièrement sensible. Rendre avis d’un ouvrage de fiction permet quelques largesses, vu que l’auteur en a fait de même. Avec un ouvrage spécialisé, c’est plus difficile car l’auteur expose un ou plusieurs faits et se permettre de critiquer, il faut avoir un bagage costaud pour pouvoir une analyse poussée. Après un premier ouvrage intitulé « L’éthique en franc-maçonnerie » sorti en 2020, l’auteur revient avec un ouvrage qui se veut être une synthèse entre l’éthique et l’athéisme.
Tentons de synthétiser la pensée de l’auteur. Dans un premier temps, l’auteur met en avant la relations entre les religions, les différents formes de la morale et la politique. Autrement dit, à partir du moment où l’homme a pris conscience de son existence, il a tenté d’expliquer le monde qu’il l’entoure et de le mettre à son échelle. Les croyances se structurent comme les sociétés. De cela découle une rencontre peu probable, celle de la religion et de la politique. Un mélange détonnant qui à travers les siècles et les sociétés a conduit des comportements fanatiques pour ne pas dire incompatibles avec la Franc-maçonnerie.
Du point de vue de la spiritualité, l’auteur nous donne en une définition. Il s’agit d’un ensemble de démarches que l’être humain met en place pour comprendre comprendre ou interpréter les questions abstraites ou métaphysiques. La spiritualité doit nous amener à un questionnement sur notre avenir et à développer certaines capacités comme l’écoute. Nous continuons notre exploration avec un autre angle d’attaque, celui de la laïcité. Morand tape sur les biens des pouvoirs religieux dans le domaine public et sur le manque d’émancipation des individus. Nos sociétés occidentales ont vu une séparation de l’État de l’Église mais ces dernière année, nous avons vu de nouvelles menaces contre la laïcité.
Le dernier point est celui relatif à l’athéisme. Aussi étrange que cela semble être, l’athéisme est une croyance ! Une croyance en l’absence des divinités. L’athéisme est en opposition au théisme et tente de combattre les dogmes et les superstitions.
Si dans l’ensemble, je partage un grand nombre des idées évoquées par Josselin Morand, je ne serai pas aussi affirmatif que lui. Après tout, il s’agit d’un essai, non d’une étude et qu’il tient au lecteur de juger de la pertinence des propos qui sont tenus.
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