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Auteur d’oeuvre littéraire extraordinaire par son ampleur et sa hauteur de réflexion, les touristes peuvent voir la statue de Giordano Bruno à Rome. Cet homme fut jugé hérétique par l’Inquisition et livrés aux flammes du bûcher en 1600, nu, la langue clouée à un mors de bois, devant des pèlerins venus pour le jubilé. Le parcours et la pensée de cet homme démontrent sa grande liberté d’esprit et sa foi en la liberté d’expression. Frère dominicain, puis prêtre, ce napolitain « voyageur » réussira à fâcher l’Eglise catholique, les calvinistes, l’Eglise anglicane et les luthériens. Humaniste, héritier de Copernic notamment, adogmatique, anti-aristotélien, éclairé à la Kabbale, admirateur d’Erasme, Bruno sera apprécié par Henri III et égrènera sans relâche critiques, idées et érudition.
Sa recherche de la « vérité » sera sacrificielle. Sur le chemin de la connsaissance, il aura lutté contre les préjugés. La question se pose de savoir s’il a pu être sensibilisé par des idées qui ont généré la franc-maçonnerie actuelle, à une époque où elle n’existe guère qu’en Ecosse pour ce que l’on en sait. Les références conceptuelles, les expressions et les valeurs de Bruno sont néanmoins troublantes.
Dans un ouvrage de Giordano Bruno, ne lit-on pas « Je t’ordonne, te constitue et confirme » expression paraissant tout droit issue d’un texte rituélique proche de ceux utilisés en franc-maçonnerie, et pourtant nous sommes à la Renaissance. Il s’agit là de Mercure Hermès qui ordonne à un âne en qualité de membre d’une assemblée pythagoricienne. Voilà qui explique tout, ou pas …
En quelques mots :
Proposé par la maison ECE-D, je vous présente cette « biographie » d’un personnage lié à l’histoire de la Franc-maçonnerie. Un personnage dont la pensée aurait influencé l’Institution. Ce personnage est un ecclésiastique qui a été triplement défroqué et qui a été condamné par l’Inquisition. Cette rencontre avec Giordano Bruno se situe à la croisée entre l’enquête policière pour comprendre le raisonnement du personnage, le dialogue intimiste avec un ami médecin qu’il appelle « mon Frère » et la biographie dans tout ce qu’elle a de plus ordinaire.
J’ai découvert le nom de Giordano Bruno assez récemment dans le génial roman de Jacques Schecroun, Le procès de Spinoza, que je vous ai fait découvrir en avril dernier et où l’auteur disait de ce prêtre qu’il avait influencé la pensée de Baruch Spinoza. Étrange coïncidence que de recevoir quelques temps plus tard, ce « petit » ouvrage (104 pages). La rencontre avec Bruno est surprenante. Il sacrifie tout pour ses idées. Admirateur des travaux de Copernic. Passant tour à tour, moine dominicain, calviniste puis luthérien, il mettra en colère l’Eglise catholique pour son mode de pensée qui est tourné vers la liberté d’expression et ça sera l’Inquisition qui le condamnera au bûcher en 1600 mais si les flammes auront raison de son corps, c’est le fait de lui avoir cloué la langue sur un mors qui est l’acte le plus atroce et permet ainsi de le faire taire à tout jamais.
Le mode de pensée de Giordano Bruno et son interprétation de la symbolique ne sont pas sans rappeler ce qui est vécu en loge. L’obligation du silence, l’œil qui voit tout et la lumière qui est émise, la traduction du nom des Séphiroth qu’il traduit par Force, Sagesse et Beauté et … Il y a bien des symboles qui sont assez troublants mais celui qui perturbe le plus, c’est celui où il dit dans l’un de ses ouvrages : « Je t’ordonne, te constitue et confirme« , ce qui ressemble à ce que vit celui qui est reçu franc-maçon. Mais le comble de l’ironie, cette phrase est prononcée à un âne … Pourquoi cet animal ? Pour cela, il vous faudra lire l’ouvrage.
Par contre, j’ajoute ma petite réflexion, est-ce que la Franc-maçonnerie initie que des ânes ? Peut-être bien que oui ! Pourquoi ? Car l’image de l’âne est celle d’un animal stupide mais courageux et têtu. Mais la démarche initiatique veut qu’il y ait un effort de réflexion. Être têtu peut également avoir du bon, car celui qui s’engage dans cette voix voudra s’investir dans un travail important. Notez bien que les dernières pages soulèvent bien des questions. Bruno a-t-il influencé la Franc-maçonnerie anglaise ou a-t-elle remis Giordano Bruno au goût du jour ? Bruno dans ses voyages, a très certainement fréquenté plusieurs milieux philosophiques et scientifiques et le tout se serait mélangé.
Pour terminer cette chronique, je vais citer l’auteur qui résume parfaitement la pensée de Bruno et vous donnera du grain à moudre lorsque vous aurez terminé cette chronique : « Nous pouvons devenir meilleur, si nous pensons par nous-même, sans se poser de limites, au lieu d’admettre l’évidence ou ce qui a été jugé auparavant par autrui » (p.62).
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Littérature maçonnique
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